Envie d’un grand bol d’air ? De plaisirs simples ? Nul besoin de partir au bout du monde pour déconnecter en s’en mettant plein les yeux et les papilles. A l’occasion de la semaine du goût, une semaine destinée à apprendre aux plus jeunes à bien manger, on a décidé de se faire du bien. Direction le pays d’Evian, en Haute-Savoie, au bord du lac Léman. Avec le temps, on savoure mieux les plaisirs de la table, les produits de qualité et on sait que derrière ces produits, il y a des passionnés. Cette semaine, je vous propose une escapade gourmande pour rencontrer trois passionnés, un pêcheur et des viticulteurs qui décoiffent. Vive les produits du terroir !
Faire une pause, revenir à l’essentiel, ça vous tente ? Pour déconnecter, le temps d’un week-end ou de quelques jours, il y a des destinations qui font du bien. Le pays d’Evian au bord du lac Léman en fait partie. La région est bien sûr celle des « vaches à lunettes », du fromage d’Abondance, de la tomme de Savoie et de la fameuse eau minérale qui met quinze ans à tracer sa route du plateau de Gavot aux points de captage!
Mais c’est aussi celle d’un monde à part, celui du lac. Un lac à 70 % suisse et à 30 % français. Une étendue d’eau plus profonde qu’on ne croit, elle est « aussi haute que la tour Eiffel » expliquent les locaux. Le coup d’oeil sur le lac Léman avec en arrière-plan les montagnes et, entre les deux, les vignes du village de Marin, apaisera les plus stressés.
La vie appartient-elle à ceux qui se lèvent tôt ? Je ne sais pas, mais voir le soleil se lever sur le lac, et l’embraser de rose et d’orangé est une expérience particulière.
Trois étoiles. Ce lever de soleil, Eric Jacquier, pêcheur du lac, le connaît bien. Il se lève bien avant qu’apparaisse la lumière orangée ! Debout à 3 heures du matin pour aller relever ses filets, il ne se lasse pas de ce milieu. Ami des chefs étoilés, proche d’Emmanuel Renaut, le chef triplement étoilé des Flocons de sel à Megève, Eric Jacquier parle comme nul autre de son lac, des poissons, du monde qui change trop vite (maudits silures qui viennent dévorer les poissons d’eau douce) et partage volontiers sa philosophie de la vie.
Issu d’une famille de pêcheurs, il est passé par Paris. Vite fait, bien fait ! Un an lui a suffi ! Après des études de design à Paris, il a pris la tangente. « Les autres entraient dans des entreprises comme Peugeot pour faire du design. J’ai vite compris que si je faisais comme eux, j’allais travailler onze mois et avoir un mois de vacances pour revenir ici. J’ai préféré revenir sur le lac », explique en souriant Eric Jacquier. Il enfonce le clou : « Je ne suis jamais allé au travail de toute ma vie. Depuis ce jour-là, je suis en vacances, parfois c’est dur, mais j’aime ce que je fais ».
Comme quoi, le travail n’est pas une question d’heures, de présence, mais d’abord une affaire de motivation et d’environnement ! Car ce fou de son lac ne compte pas ses heures, a six salariés dans sa pêcherie et met tout son coeur à les faire grandir, il a même appris à skier à Frédéric, le jeune Malouin qui l’a rejoint il y a un an et demi pour devenir pêcheur d’eau douce. « En un an et demi, j’ai plus appris que pendant dix ans, il prend le temps d’expliquer, il nous donne du temps, c’est rare », confie Frédéric.