Histoire de la navigation : Le «Genève», plus vieux bateau à aubes encore à flot sur le Léman
Le lac Léman, situé entre la Suisse et la France, est depuis longtemps un lieu de villégiature prisé par l’aristocratie européenne. Au début du XXe siècle, les riches voyageurs se déplaçaient d’un grand hôtel à l’autre en empruntant les bateaux à aubes qui naviguaient sur le lac. Parmi ces bateaux de luxe, le « Genève » occupe une place particulière. Lancé en 1896, il est le plus vieux bateau à aubes encore en activité sur le Léman.
L’histoire de la navigation à aubes sur le lac Léman remonte à 1823, lorsque le premier bateau de ce type, le « Guillaume Tell », fut lancé. Inspiré par l’ingénieur américain Robert Fulton, ce bateau à vapeur fut le pionnier d’une flotte qui allait s’étendre au fil des années. Cependant, ces bateaux n’étaient pas sans danger. En 1892, la chaudière du bateau « Mont-Blanc » explosa, causant la mort de 25 personnes. Suite à cet accident, la Compagnie générale de navigation (CGN) décida de changer de fournisseur et commanda douze nouveaux bateaux à la société Sulzer Frères. Le premier de ces navires fut le « Genève », lancé en 1896 à l’occasion de l’exposition nationale.
Le « Genève » était un bateau à aubes de style néoclassique, avec des dorures sur la proue et la poupe. Il pouvait accueillir jusqu’à mille passagers et navigua sur le lac pendant 77 ans, avant d’être désarmé en 1971. Depuis lors, il est amarré sur le ponton de la Mouche, du côté des Eaux-Vives, où il reste encore aujourd’hui.
Sur les douze bateaux d’origine, neuf sont encore en activité aujourd’hui, dont huit sont classés monuments historiques. La rénovation de cette flotte Belle Époque a nécessité près de 40 millions de francs suisses. Certains de ces bateaux sont équipés de moteurs récents, tandis que d’autres continuent à fonctionner à la vapeur, comme le navire amiral « La Suisse », considéré comme le plus beau bateau à vapeur du monde. Quant au « Genève », bien qu’il flotte encore, sa valeur patrimoniale est moindre et sa remise à neuf coûterait des millions de francs, une somme que l’Association pour le bateau Genève ne peut se permettre.
Malgré son immobilisation, le « Genève » reste un témoin précieux de l’histoire de la navigation sur le lac Léman. Son moteur, installé en 1934, fonctionne toujours, bien que de manière limitée. Tous les dix ans, le bateau est remorqué jusqu’à un chantier naval pour des travaux de rénovation. Cependant, en 2013, il a fallu faire appel à un autre bateau, le « Henry-Dunant », pour le remorquer jusqu’au chantier naval, car son moteur n’était plus en mesure de le propulser.
Aujourd’hui, le « Genève » reste un symbole de l’histoire et du charme de la navigation à aubes sur le lac Léman. Malgré sa valeur patrimoniale moindre, il continue d’attirer l’attention des visiteurs et des passionnés de bateaux anciens. Son histoire fascinante est un rappel de l’importance de préserver et de valoriser notre patrimoine maritime. Alors, lors de votre prochaine visite sur les rives du lac Léman, prenez le temps d’admirer ce magnifique bateau à aubes, témoin d’une époque révolue mais pas oubliée.